Auteur: Ernest de Neyremand
Titre: Valeur de la Particule Nobiliaire
Date de publication: 1888
Or , pour jouir de tous les avantages extérieurs attachés à cette position , il fallait, de toute nécessité , à défaut de l’éclat d’un titre , un signe extérieur qui la révélât à la société ; il fallait une décoration qui en fût la manifestation publique . Or, cette décoration ne pouvait être autre que la particule , généralement considérée comme l’enseigne de la noblesse , marque distinctive à laquelle les anoblis parlementaires devaient attacher le plus grand prix.
Il doit en être ainsi , à plus forte raison , des anoblis de nos jours où la noblesse n’est plus qu’une distinction purement honorifique: leur contester l’emploi de la particule ou en nier le caractère , ce serait donc en quelque sorte leur retirer la noblesse tout en la leur accordant , ou plutôt ce serait annuler la concession même en la privant du seul élément extérieur qui peut lui donner du prix…
On doit être convaincu maintenant que , sous l’ancien régime, d’après une règle consacrée par des habitudes séculaires , la particule qui , dans l’origine , n’indiquait qu’un rapport de fief ou d’extraction , était devenue le signe indicatif, la prérogative , la conséquence de la
noblesse . Cela est si vrai que tous les anoblis , non titrés ni pourvus de terres nobles , en embellissaient leurs noms : témoins , le fameux érudit Saumaise , que les biographes designent toujours sous le nom de Claude de Saumaise , par suite des lettres d’anoblissement données à son père ; l’auteur du Cid , qui , par la même cause et avant l’immense éclat dont ses chefs – d’oeuvre entourérent son nom , se faisait appeler Monsieur de Corneille ; le célèbre musicien Lulli qui, depuis son anoblissement , faisait précéder son nom de la particule , en quoi il fut fidèlement imité par ses descendants , et enfin le génie universel du XVIII . siècle , qui signait de Voltaire , après avoir été décoré du titre de gentilhomme de la chambre , dont il avait la faiblesse de s’enorgueillir.
