8 Français sur 1000 portent un nom à particule
Article de: Jean-Marie Pottier
Mensuel N° 330 – Novembre 2020
Article mis à jour le 14/10/2020 — source: https://www.scienceshumaines.com/8-francais-sur-1000-portent-un-nom-a-particule_fr_42702.html
Autour de 0,8 % de la population française porte aujourd’hui un nom à particule, soit deux fois moins qu’il y a deux siècles. Une caractéristique qui, si elle n’implique pas forcément l’appartenance à la noblesse, dessine néanmoins une « noblesse d’apparence » selon le sociologue Baptiste Coulmont. Ce dernier, connu pour ses travaux sur les prénoms, a calculé le poids statistique des « de Quelque-Chose » dans de nombreuses catégories de la population depuis la Révolution française. Qu’il s’agisse des évêques, des académiciens, des ambassadeurs, des parlementaires ou encore des élèves des grandes écoles, on constate une même régression vers la moyenne sur le long terme mais la persistance d’une surreprésentation : la part des magistrats à particule est ainsi passée de 20 % à 5 % en deux siècles, ce qui reste tout de même six fois supérieur à la moyenne de la population. Cette baisse, traduction d’une « fin des notables » et d’un nouveau système de formation des élites, a eu lieu pour l’essentiel au 19e siècle. Elle se stabilise au 20e. Selon l’auteur, cela « indique que cette population ne va plus déchoir, qu’elle ne connaît plus de mobilité descendante ».
Cette noblesse d’apparence « n’a pas que les apparences de la noblesse » : elle se distingue par des habitudes résidentielles ou culturelles. Ainsi les noms à particule représentent plus de 10 % des électeurs de certains bureaux de vote du 7e arrondissement de Paris et près de 80 % des faire-part de fiançailles du carnet du Figaro. Des habitudes qui peuvent être affichées mais parfois aussi quasi-invisibles : environ la moitié des nobles d’apparence, hommes comme femmes, portent ainsi le second prénom Marie, contre 5 à 10 % du reste de la population.